Déclaration de l’ACSP au sujet de l’Université Laurentienne
Déclaration de l’ACSP au sujet de l’Université Laurentienne
C’est avec une vive inquiétude que l’Association canadienne de science politique a appris que les sept professeurs permanents du département de science politique de l’Université Laurentienne ont reçu des avis de cessation d’emploi et que leur programme d’études menant à un grade a été supprimé dans le cadre des efforts déployés par leur université pour résoudre ses problèmes d’insolvabilité. Il s’agit là d’une mesure sans précédent au Canada.
On ne saurait sous-estimer l’impact qu’aura la fermeture de ce département et de nombreux autres départements et programmes de sciences humaines à cette université sur l’accès à l’éducation postsecondaire pour les résidents du nord-est de l’Ontario. L’Université Laurentienne ainsi que les campus qui lui sont affiliés constituent la principale option universitaire pour les étudiants dans une région du Canada de près de 300 000 kilomètres carrés. En éliminant ces programmes, l’université a en fait supprimé la possibilité pour les personnes de cette région d’être exposées à des domaines d’études qui développent une plus grande conscience politique, sociale et culturelle, qui sont accessibles localement et qui aident à former des citoyens mieux informés et plus engagés.
En tant qu’université dont le mandat culturel triple est de servir les populations autochtones, francophones et anglophones de la région, le démantèlement de ces programmes aura de graves répercussions sur la capacité des étudiants locaux de profiter de programmes d’enseignement abordables et accessibles dans un large éventail de domaines, tant au niveau du premier cycle qu’à celui des cycles supérieurs.
Les Franco-Ontariens et les communautés autochtones seront particulièrement affectés. L’Université Laurentienne joue un rôle intellectuel, culturel et artistique important pour les francophones de l’Ontario; elle a contribué de manière significative à la force et au dynamisme de cette communauté dans la région. L’élimination de 28 programmes offerts en français ne touche pas seulement les étudiants et les professeurs; elle affaiblit également le tissu social et politique d’une importante communauté minoritaire au Canada. Les décisions prises par l’Université Laurentienne ont en outre pour effet d’éliminer la possibilité pour les étudiants francophones de faire leurs études dans leur propre langue, à moins de décider de quitter leur région.
L’université Laurentienne est également réputée pour son engagement en faveur des études autochtones et pour les services qu’elle rend aux populations autochtones locales; plus de 12 % de la population étudiante totale de cette université est autochtone. Nous reconnaissons les disparités importantes entre les niveaux d’éducation des populations autochtones et non autochtones, disparités qui sont la résultante du colonialisme et du racisme systémique au Canada; aussi sommes-nous gravement préoccupés par le fait que l’élimination de nombreux départements de sciences humaines au sein de l’un des établissements d’avant-garde dans le domaine des études autochtones au Canada ne fera qu’exacerber ce problème structurel des plus actuels.
Compte tenu des apports uniques de l’Université Laurentienne et des importantes difficultés budgétaires que connaissent de nombreux autres établissements de savoir en raison de la réduction des fonds publics consentis et de l’impact de la COVID-19 sur les inscriptions des étudiants (et en particulier des étudiants étrangers), le tout conjugué à d’autres demandes en matière de dépenses croissantes, nous pressons :
- le gouvernement provincial de l’Ontario d’intervenir afin que le corps professoral, le personnel et la population étudiante de l’Université Laurentienne soient soutenus de manière adéquate durant cette transition;
- tous les gouvernements au Canada de prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que les options régionales et linguistiques et le choix des programmes dans le secteur de l’enseignement postsecondaires demeurent accessibles à tous les Canadiens partout au pays.
Conseil d’administration de l’ACSP